30 octobre 2008
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Non, vous ne rêvez pas. Exprimé en heures de travail, le prix actuel du pétrole est dans l'ordre de grandeur qui prévalait du temps des Trente Glorieuses.
Pour preuve, notre nouvelle version du barilomètre qui convertit (presque) automatiquement le prix du baril en euro, puis en heures de travail selon le dernier barème du SMIC en vigueur, et indique en sus dans quel contexte pétrolier nous sommes.
Il s'agit d'un instrument de mesure instantané : la plupart des mesures aujourd'hui publiées sur le Web s'intéressent à des moyennes annuelles.
Comme on peut le constater, l'instrument pointe aujourd'hui sur 6,1 heures, soit le temps de travail nécessaire pour s'offrir un bon baril de 159 litres de pétrole texan. Au plus fort de la bulle pétrolière, il est monté à un peu moins de 11 heures de travail, mais seulement pendant un très court laps de temps.
Ces valeurs sont à comparer aux pointes mesurées lors du premier choc pétrolier (près de 30 heures de SMIC en 1974) puis du second (un peu plus de 20 heures de SMIC en 1980). Et on comprend mieux ainsi pourquoi, bien qu'on nous dise que le baril soit cher, ce ne sont pas seulement les classes sociales les mieux nanties qui s'offrent des 4x4.
Si on désire maintenant s'intéresser aux valeurs en moyenne annuelle, nous avons réussi à remonter la pendule jusqu'au début des années 50, en substituant le SMIG au SMIC. Le résultat* est édifiant :
On constate que les Trente Glorieuses sont loin d'avoir été trente années durant lesquelles le pétrole était bon marché : ce n'est que dans les années 1960 que le Français moyen a cessé de considérer l'essence comme un produit de luxe - et à projeter son idéal de vie dans Banlieutopie, avec une maison individuelle dispendieuse à chauffer, les indispensables véhicules personnels pour rester en communication avec le reste du monde et le tout-jetable.
On voit mieux alors les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont été une mise en parenthèse momentanée de ce paradigme. En les réduisant à un simple épiphénomène, on pourrait presque dire que les Vingt Glorieuses (1945-1965) ont donné naissance aux Quarante Jouisseuses (1965-2005) qui, malgré deux chocs pétroliers, ont tenté d'aller jusqu'au bout du modèle de la société de (sur)consommation.
Depuis 2005, nous sommes apparemment en train de quitter ce modèle, mais sans pour autant être pour le moment dans des situations insupportables pour le Français moyen, du moment que ce dernier abandonne son mode de vie gaspilleur et revienne à la façon dont il vivait jusque dans les années 1950 : habitat en ville, vêtements adaptés au temps qu'il fait, durée de vie accrue des objets, recyclage des matériaux... Bref, ce qu'on appelle aujourd'hui le "geste écolo" sous prétexte de sauver la planète, c'est tout simplement le retour aux bonnes vieilles habitudes économes de grand-mère.
Même si, selon nos dernières estimations, la partie droite de la courbe devrait bientôt redescendre vers les 5-6 heures/baril, nous devrions garder voire renforcer nos réflexes de sobriété : non pas à cause d'une pétrole apocalypse chère à certains hommes politiques, mais tout simplement... à cause d'une profonde récession économique.
Et la prochaine fois que vous trouverez l'addition salée après être passé à la pompe, méditez donc ce dernier graphe :
Malgré une légère hausse - temporaire - ces dernières années, le gazole qui nourrit nos véhicules est loin d'obérer sérieusement le pouvoir d'achat du Français moyen, même smicard.
__________________________
* La valeur correspondant à 2008 est provisoire car calculée uniquement sur les 10 premiers mois de l'année.
Pour preuve, notre nouvelle version du barilomètre qui convertit (presque) automatiquement le prix du baril en euro, puis en heures de travail selon le dernier barème du SMIC en vigueur, et indique en sus dans quel contexte pétrolier nous sommes.
Il s'agit d'un instrument de mesure instantané : la plupart des mesures aujourd'hui publiées sur le Web s'intéressent à des moyennes annuelles.
Comme on peut le constater, l'instrument pointe aujourd'hui sur 6,1 heures, soit le temps de travail nécessaire pour s'offrir un bon baril de 159 litres de pétrole texan. Au plus fort de la bulle pétrolière, il est monté à un peu moins de 11 heures de travail, mais seulement pendant un très court laps de temps.
Ces valeurs sont à comparer aux pointes mesurées lors du premier choc pétrolier (près de 30 heures de SMIC en 1974) puis du second (un peu plus de 20 heures de SMIC en 1980). Et on comprend mieux ainsi pourquoi, bien qu'on nous dise que le baril soit cher, ce ne sont pas seulement les classes sociales les mieux nanties qui s'offrent des 4x4.
Si on désire maintenant s'intéresser aux valeurs en moyenne annuelle, nous avons réussi à remonter la pendule jusqu'au début des années 50, en substituant le SMIG au SMIC. Le résultat* est édifiant :
On constate que les Trente Glorieuses sont loin d'avoir été trente années durant lesquelles le pétrole était bon marché : ce n'est que dans les années 1960 que le Français moyen a cessé de considérer l'essence comme un produit de luxe - et à projeter son idéal de vie dans Banlieutopie, avec une maison individuelle dispendieuse à chauffer, les indispensables véhicules personnels pour rester en communication avec le reste du monde et le tout-jetable.
On voit mieux alors les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont été une mise en parenthèse momentanée de ce paradigme. En les réduisant à un simple épiphénomène, on pourrait presque dire que les Vingt Glorieuses (1945-1965) ont donné naissance aux Quarante Jouisseuses (1965-2005) qui, malgré deux chocs pétroliers, ont tenté d'aller jusqu'au bout du modèle de la société de (sur)consommation.
Depuis 2005, nous sommes apparemment en train de quitter ce modèle, mais sans pour autant être pour le moment dans des situations insupportables pour le Français moyen, du moment que ce dernier abandonne son mode de vie gaspilleur et revienne à la façon dont il vivait jusque dans les années 1950 : habitat en ville, vêtements adaptés au temps qu'il fait, durée de vie accrue des objets, recyclage des matériaux... Bref, ce qu'on appelle aujourd'hui le "geste écolo" sous prétexte de sauver la planète, c'est tout simplement le retour aux bonnes vieilles habitudes économes de grand-mère.
Même si, selon nos dernières estimations, la partie droite de la courbe devrait bientôt redescendre vers les 5-6 heures/baril, nous devrions garder voire renforcer nos réflexes de sobriété : non pas à cause d'une pétrole apocalypse chère à certains hommes politiques, mais tout simplement... à cause d'une profonde récession économique.
Et la prochaine fois que vous trouverez l'addition salée après être passé à la pompe, méditez donc ce dernier graphe :
Malgré une légère hausse - temporaire - ces dernières années, le gazole qui nourrit nos véhicules est loin d'obérer sérieusement le pouvoir d'achat du Français moyen, même smicard.
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* La valeur correspondant à 2008 est provisoire car calculée uniquement sur les 10 premiers mois de l'année.