La très sérieuse revue Nature publie un article montrant qu'une fois de plus, de nombreux prévisionnistes ont eu trop rapidement tendance à prendfre leurs désirs pour des réalités.
Les scientifiques qui ont rédigé l'article ont utilisé une approche assez proche de celle de l'infatigable Jean Lahérrère : ils ont attendu d'avoir suffisamment de recul sur le rendement temporel des gisements en exploitation pour en déduire une loi d'extraction plus proche du réel, puis l'ont extrapolé aux réserves connues. Le résultat est résumé par la surface colorée ci-contre : pic aux alentours de 2020.
Les auteurs se sont amusés à mettre en regard les prévisions publiques les plus connues : on appréciera l'approche linéaire up up to the sky de Goldman Sachs - qui nous avait déjà annoncé le baril à $175 avant 2010, rappelez-vous - et l'optimisme raisonné de l'EIA, qui prévoit un plateau ondulé à partir de 2025.
N'oublions pas que l'énergie, à l'instar des autres industries hyper-capitalistiques, a besoin de prophéties autoréalisatrices. Airbus et Boeing ont besoin de convaincre les compagnies aériennes que le marché va continuer à croître indéfiniment pour qu'elles continuent à acheter des avions ; Apple, Samsung et Microsoft ont besoin de convaincre plusieurs centaines de millions d'humains qu'il faut changer régulièrement de téléphone portable et s'équiper en écrans supplémentaires. Et Big Oil - ou plutôt ici Big Gas - a besoin de convaincre les investisseurs de forer, forer, toujours et encore.
Cet article ne retournera pas le marché à lui tout seul, mais c'est le premier coup de tonnerre dans un ciel encore bleu. Il sera bientôt suivi d'autres, plus ou moins bien argumentés, qui finiront par refaire partir les cours à la hausse.
Il y a 17 ans, paraisait dans Scientific American un article signé Campbell qui annonçait l'arrivée du pic pétrolier mondial dans les 15 prochaines années : vous connaissez la suite...