26 octobre 2009
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On avait déjà prévu la fin du Web 2.0, mais il semblerait qu'un concept historique de l'Internet est en passe de disparaître avant : les forums, en anglais newsgroups. Certains pédants les appellent des fora, sous prétexte que le mot est d'origine latine : il faudrait alors qu'ils parlent également de lavabi et non de lavabos pour aller jusqu'au bout de leur logique.
Mais revenons à nos forums. Premiers lieux collaboratifs du Réseau des Réseaux, ils furent longtemps incontournables : le Web 1.0 se contenta de leur offrir une IHM (Interface Homme-Machine) à base de technologie HTML puis PHP, plus sympathique que celles des logiciels clients de messagerie. Enfin le Web 2.0 vint, apportant le concept du blog : c'est comme un forum, mais avec prédominance du blogueur sur les autres intervenants. Finis les points de vue perdus au milieu d'interventions de trolleurs et de floodeurs : le blogueur met en valeur ses idées comme il le souhaite, gère son audience et autorise d'éventuels commentaires de la plèbe, là-dessous, tout en bas de l'article.
Le développement du Web 2.0 a fait que le contenu des forums s'est progressivement vidé : désertés par les contributeurs "à valeur ajoutée" qui sont partis fonder leur blog, ils se sont transformés en répertoires de liens et d'extraits d'articles de blogs et de presse, parsemés de petits messages de reconnaissance entre membres. Puis les Myspace et autres facebook sont arrivés, capturant les passionnés de l'étalage de vie quotidienne.
Enfin, l'estocade est venue de là où on ne l'attendait pas : du téléphone mobile. A un bout, les possesseurs fortunés et puissants de Blackberry ; à l'autre, les nouvelles générations qui ne quittent plus leur aïe-phone des yeux. Dans les deux cas, la taille de l'écran est rédhibitoire pour naviguer sur les forums traditionnels, dont l'IHM est conçu pour de grands écrans, au format paysage qui plus est. Après la disparition du fond, voilà la contrainte de forme.
C'est donc pourquoi les forums Internet, qui regroupaient il y a dix ans encore l'essentiel des communautés d'internautes, de 7 à 77 ans, ne sont plus aujourd'hui peuplés que de quelques "accros" vieillissants, à la façon du réseau des radio-amateurs, isolé du reste du monde par leur mystérieux code Q.
