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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 07:00
Comment suivre ce qui se passe dans le monde de l'énergie ?

On peut perdre son temps à passer des heures sur des forums spécialisés, où l'actualité cède parfois le pas à l'anarcho-gauchisme ou au survivalisme, et où les bruiteurs reprennent à leur compte la définition de l'objectivité attribuée à Woody Allen :
L'objectivité à la télévision, c'est cinq minutes [de temps de parole] pour Hitler, cinq minutes pour les Juifs.
On peut plus simplement se composer une belle page de flux RSS, pour suivre en temps réel les publications de quelques sources rigoureusement sélectionnées.

A titre d'exemple, voici la nôtre, composée sur netvibes :

On y trouve :
- le flux du quotidien Les Echos consacré aux questions d'énergie et d'environnement
- le prix du baril WTI, repris depuis le célèbre site 321energy.com. Comme ce site n'a pas de flux RSS, il faut en bricoler un : sur netvibes, il faut utiliser le "widget essentiel" nommé "page web" et y mettre l'URL du graphique souhaité.
- les dernières actualités publiées sur le site d'Enerzine.com
- le flux d'ASPO-France. Très peu actif, il nous permet de ne pas manquer la publication des rares mais intéressants bulletins de cette association
- les derniers articles du blog des Accidental Hunt Brothers, dédié aux marchés des matières premières et particulièrement aux phénomènes spéculatifs dont ils font l'objet
- les derniers articles de TOD : la plupart ne méritent que la lecture du titre, mais de temps en temps quelque chose sort du lot
- les dernières publications de l'Institut Français du Pétrole, pour voir sur quels sujets portent la discrète recherche pétrolière française

Grâce à cet outil malheureusement en danger, il ne faut pas plus d'une minute pour connaître les principales nouvelles du jour en matière énergétique. La plupart du temps, la lecture des titres suffisent.

Nous verrons prochainement comment nous complétons cette page par d'autres plus ciblées sur les questions économiques ou climatiques.
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12 décembre 2008 5 12 /12 /décembre /2008 00:00
On a déjà parlé ici à plusieurs reprises du film pessimiste et malthusien qu'est Soleil Vert.

Nous avons profité d'un soir paisible, alors que nous étions dans un hôtel très paisible d'une ville encore plus paisible de province tellement paisible qu'on se demande si elle est encore vivante, pour le revoir.

Ce film a été conçu au début des années 1970 - il est sorti dans les salles en 1973 - et décrit New York tel qu'il pourrait être en 2022, soit cinquante ans plus tard.

Imaginer de quoi sera fait un tel avenir lointain est toujours délicat : ainsi, le héros, flic de son état, dispose d'un téléphone portable, mais celui-ci est enfermé dans un coffret fermé à clé et situé en bas de son immeuble : il ne peut l'utiliser qu'au voisinage de ce coffret.

Notons au passage qu'il est assez facile de dater un film en fonction de la façon dont les héros y utilisent le téléphone. Certains films ne seraient plus réalisables aujourd'hui, maintenant que le GSM existe : qui achèterait le scénario de Duel, un camion fou poursuivant un représentant de commerce sur les routes de Californie pendant une heure et demie ? "Ben, pourquoi il n'appelle pas la police avec son mobile ?".

Mais, pour en revenir à Soleil Vert, ce qui nous a le plus frappé n'est pas une de ces inévitables petites erreurs de prospective technologique, mais la scène d'exposition où le vieux bouquiniste Sol détaille la triste condition humaine de 2022 :


"Un effet de serre. Tout est en train de griller."

C'est, à notre connaissance, la toute première fois qu'il est explicitement fait mention du réchauffement climatique dans une oeuvre grand public, trente ans avant le Jour d'Après et Une vérité qui dérange.

On ne peut pas dire que le message porta à l'époque : les mesures de concentration (hélas mesurées à l'époque seulement à Hawai) montrent bien un léger et temporaire fléchissement après la sortie du film - mais c'est à cause du premier choc pétrolier ! Les choses reprirent ensuite de plus belle.

Qu'on se rassure : on sera loin de vivre en 2022 la canicule permanente décrite dans le film, qui a oublié par ailleurs d'évoquer la montée des eaux. Avec une telle chaleur, New York devrait avoir les pieds dans l'eau.

Par contre, les problèmes d'approvisionnement en eau et en nourriture, l'entassement de citadins désoeuvrés et laissés à eux-mêmes, les scènes d'émeute ne sont pas sans nous rappeler ce qu'on a vu aux actualités en 2005, après le passage de Katrina et Rita.

Pour certains, la prospective consiste à prévoir tous les futurs possibles pour mieux choisir celui qu'on préfère.

Apparemment, malgré tous ces grands rassemblements internationaux dont le dernier vient de se terminer à Poznan, l'heure du choix n'a toujours pas sonné.

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4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 07:00


Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce livre est sorti en 2003.


Pourtant, il est resté actuel : au milieu des critiques du libéralisme débridé de l'administration Bush, il suffit d'y remplacer "bulle Internet" par "bulle des matières premières et de l'immobilier" pour comprendre qu'absolument rien n'a changé depuis la publication de cet ouvrage. On y trouve même, à plusieurs reprises, l'expression de la "finance folle des années 1990" qui n'est pas sans rappeler notre propre expression des Années Folles de la Finance. Les grands esprits se rencontrent, vivement qu'on nous décerne un blog-Nobel

 

Dans la série des grands penseurs qui ont hurlé dans le désert, aa palme revient sans doute à Eric Izraelewicz qui a réussi à écrire un article dans le Monde avec 17 ans d'avance...


Pour en revenir à Stiglitz, il consacre notamment un chapitre à l"ascension et la chute d'Enron, dont plus personne ne parle aujourd'hui alors que cette entreprise avait réussi à monter l'une des plus grandes manipulations de marché sur l'électricité et le gaz naturel à l'échelle des Etats-Unis.

La disparition d'Enron semble avoir fait croire que ces pratiques avaient disparu avec l'eau du bain. Pourtant, les traders qui avaient mis au point toutes ces techniques manipulatoires ne se sont pas évaporés : ils ont probablement été ré-embauchés par les banques d'affaires et les fonds d'investissement qui ont été si présents sur les marchés dérivés des matières premières.


On est donc largement en droit de se demander aujourd'hui quelle nouvelle bulle est en train de nous concocter le capitalisme financier.


Au fait, combien de milliards ont-ils déjà été engagés (committed) et dépensés (spent) par les autorités états-uniennes pour contenir la crise financière ? Un intéressant graphe du New York Times nous donne la réponse. Attention, en anglais des Etats-Unis, billion signifie milliard et trillion signifie mille milliards (ou un million de millions, qu'on appelle un billion en français). En anglais de Londres et en français, un trillion représente un milliard de milliards.







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14 octobre 2008 2 14 /10 /octobre /2008 10:00
C'est le titre du dernier ouvrage de Patrick Artus, chef économiste chez Natixis, que nous sommes allés écouter il y a quelques jours, au sein d'un aréopage d'experts-comptables et d'avocats.



L'analyse d'Artus se place ouvertement sur le plan de la macro-économie. Mais sur le plan de la micro-économie, et donc de la crise bancaire en cours, nombreux dans l'assistance voulaient savoir si le pire était effectivement à venir, sur les marchés actions par exemple.

L'économiste, salarié d'une banque qui n'a pas la cote en ce moment, a cherché à calmer le jeu sur le plan bancaire, prévoyant avec raison les résultats de la réunion du G7 de ce week-end. Pour lui, on finira bien par "réparer" la micro-économie et remettre le système bancaire sur pied.

Par contre, rien n'a changé sur le plan de la macro-économie : le modèle économique mondial reste inchangé, les Etats-Unis continuent à vivre de l'épargne du reste du monde, et notamment de celle des pays émergents, de plus en plus importants économiquement - Moyen-Orient et surtout la Chine depuis 15 ans -  qui continuent de soutenir le dollar en achetant des bons du Trésor parce que c'est bon pour leur commerce extérieur. Selon Artus, c'est ce phénomène - inimaginable lors de la définition des accords de Bretton-Woods - qui crée ces fameuses liquidités excédentaires qui perturbent de plus en plus violemment le système économique mondial. Bref, les bulles ne sont pas prêtes de s'arrêter.

La seule façon de changer de modèle, c'est d'abord de demander aux ménages états-uniens de recommencer à épargner au lieu de consommer. Ensuite, il faudrait sans doute de nouveaux accords à la Bretton-Woods, mais avec la Chine, le Moyen-Orient et le Brésil présents à la table : le G7 seul ne peut plus rien, l'économie émergente pesant désormais la moitié du PIB et du commerce mondiaux.

Or rien dans la position des USA ne permet de penser qu'ils sont prêts à changer de modèle. Quant à la Chine, elle a pour seul objectif de croître à vitesse maximum d'ici 2025, date à laquelle la politique de l'enfant unique fera enfin plafonner sa population. Sans doute a-t-elle pour dessein de proposer, à ce moment-là seulement ,de faire réviser le système économique, à son avantage vu le poids économique qu'elle aura alors acquis.  En parallèle, la Chine aura cessé d'acheter de la dette états-unienne et préferera financer les Etats-Unis en s'offrant ses plus beaux actifs industriels, comme Microsoft ou General Electric.

D'ici là, la pierre d'achoppement principale sera les matières premières : pour Artus, si la croissance mondiale se maintient, on va commencer à se battre - au sens propre - avec la Chine pour les hydrocarbures et les métaux d'ici 5 ans : les débits de production des différentes filières minérales  ne sont plus capables de suivre la demande. Pour lui, heureusement, les produits alimentaires sont moins problématiques.

Voilà qui conforte donc une vision du monde à moyen terme où la puissance économique des nations ne se mesurera plus en PIB, mais tout simplement en valeur des ressources minières. Difficile alors de croire que les Etats-Unis délaisseront leurs gisements de charbon, comme le souhaitent certains climatologues...
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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 18:00
Après le remarquable Abysses, nos yeux se sont posés sur le dernier roman de Michael Crichton, auteur dont nous avions gardé un très mauvais souvenir de son pénultième oeuvre, Etat d'urgence (State of Fear).

L'évitable Etat d'urgence était tellement excessif qu'il ressemblait à une mauvaise parodie, ou plus certainement une commande des négateurs du changement climatique. Il avait le mérite d'attirer l'attention sur les dérives dangereuses de l'écologisme radical, mais dans ce registre le Parfum d'Adam le dépasse de cent coudées. Cocorico.

Une certaine appréhension nous serrait donc l'estomac quand nous commençâmes la lecture de Next. Heureuse et agréable surprise ! Ce roman, qui nous entraîne du côté obscur des OGM, se dévore avec plaisir.

Crichton, médecin de formation, maîtrise bien mieux le sujet des risques et dangers des manipulations génétiques et prend cette fois-ci partie contre l'industrie des sciences de la santé, soulignant les dérives de ces scientifiques à courte vue, apprentis sorciers dont il avaient déjà dénoncé les pratiques dans... Jurassic Park, par la voix du professeur Ian Malcolm, incarné à l'écran par Jeff Goldblum.

Son style a également changé en profondeur, à se demander même s'il n'a pas changé de nègre.

Le roman crichtonien appelle généralement une certaine unité de lieu (une île infestée de dinosaures, un laboratoire expérimental, une usine aéronautique...) où les personnages profitent du prologue, long exposé de vulgarisation scientifique, pour se rassembler et commencer à jouer la pièce.

Rien de tout cela dans Next : c'est une succession de tranches de vie californiennes d'abord sans rapport entre elles, mais qui vont petit à petit se lier entre elles, un peu à la façon de Short Cuts, l'excellent film de Robert Altman.

Disparaît également le lourdingue procédé littéraire, caractéristique de Crichton, où l'auteur décrit de façon détaillée, photos d'écran incluse, la résolution d'une énigme informatique par un des héros de l'histoire, dans le but de (rayer la mention inutile) compter les dinosaures / déverrouiller le système d'autodestruction / etc.

Next présente également une étonnante innovation : l'humour. Crichton nous avait habitué à des personnages très sérieux, dont les mots d'esprit ne dépassaient guère le sophistiqué "comment allez-vous yau de poêle ?".

Cette fois-ci, nous avons droit à un personnage impayable en la personne d'un perroquet transgénique qui, si le livre est un jour adapté au cinéma, méritera sans doute d'être doublé par Eddy Mitchell. Pince-sans-rire, truffé de références cinématographiques, élevé dans la culture française, Gérard - car tel est le nom de ce comique psittacidé - se moque avec un profond cynisme des brûlures inattendues que nous inflige le feu apporté par ces Prométhées en blouse blanche, un feu dérobé sans réfléchir aux conséquences, avec la bénédiction de certains hommes politiques et sous les encouragements des avocats d'affaires, sous le prétexte du progrès qu'on ne peut pas arrêter.
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23 août 2008 6 23 /08 /août /2008 15:15
Le documentaire présenté par Al Gore, Une vérité qui dérange, réutilise certaines prises de vues du Jour d'après, par exemple les vues aériennes de banquise. Ce lien entre les deux œuvres n'est pas innocent et appelle à (re)voir la super-production hollywoodienne d'un œil différent.

Le Jour d'après affirme sa volonté de fiction en fondant son synopsis sur un refroidissement climatique soudain : cette option est scientifiquement peu probable et ne concerne que l'Europe, par suite du ralentissement de la Dérive Nord-Atlantique, un courant océanique communément appelée Gulf Stream par l'homme de la rue. L'avantage du scénario de refroidissement est qu'il permet quelques belles images – la Statue de la Liberté enchâssée dans la glace – et offre surtout matière à rebondissements : familles en détresse cherchant à s'enfuir ou à se recomposer au travers de paysages familiers devenus hostiles et impraticables, loups investissant les territoires urbains, vagues d'ultra-froid…

Au passage, ce film de Roland Emmerich aborde sans fioritures le refus des hommes politiques états-uniens - sans doute des Républicains ! - de prendre en compte le risque climatique, les problèmes de l'immigration massive, le « chacun pour soi » des Etats face à un tel dérèglement et l'incapacité des militaires à traiter une situation majeure face à laquelle ils sont… désarmés - alors qu'ils sont systématiquement montrés comme ultime recours dans le reste de la production cinématographique hollywoodienne. Ces aspects sont des points-clés du problème, que le climat se refroidisse ou se réchauffe : on pourrait remplacer les scènes de glaciation par des scènes de vagues de chaleur, d'ouragans et de désertification brutale tout en conservant les scènes mentionnées ci-dessus.

Un jour, on verra peut-être un film-catastrophe traiter le sujet du réchauffement climatique (RC) de façon simplement hyper-réaliste, à la façon de la Tour infernale. Ce réquisitoire distrayant contre les immeubles de grande hauteur contribua sans nul doute à calmer la frénésie architecturale des années 1970, à laquelle on doit notamment les anciennes Twin Towers et la Tour Montparnasse.

Ce film existe déjà, en fait : il s'appelle Soleil vert. Chaleur suffocante, pénurie alimentaire et énergétique, régime politique autoritaire, inégalités sociales accrues : presque toutes les conséquences du RC sont présentes. Mais son décor kitchissime – un futur imaginé au plus fort de la mode psychédélique en Californie – et l'absence de traitement des questions économiques et géopolitiques militent pour un remake re-scénarisé, à l'instar de ce qu'a subi la Planète des Singes – mais réussi cette fois. Le consultant en environnement Jean-Marc Jancovici a essayé d'en écrire la première scène, mais le synopsis d'ensemble reste à pondre.


A défaut de pouvoir trouver une happy end, la gravité du sujet pourrait paradoxalement être mieux traité sous l'angle d'une comédie tous publics comme Retour vers le futur, qui affichait en filigrane une critique sociale de la politique économique reaganienne tout en revisitant avec brio les paradoxes classiques du voyage dans le temps.

Pour marquer les esprits par l'image de ce qui pourrait nous attendre, il est décidément temps qu'un décorateur de cinéma construise la réplique d'une banlieue résidentielle américaine dévastée par la sécheresse, desservie uniquement par le vélo, le cheval et le train, et où la loi du plus fort aura remplacé la démocratie.

Le western serait-il l'avenir du film de science (climatique)-fiction ? A médirer lors de votre prochain visionnage de l'Homme des Hautes Plaines...
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20 août 2008 3 20 /08 /août /2008 22:03
Coucou nous revoilou : la fin des vacances n'est plus très loin.

Avant de reprendre sérieusement le fil de nos publications, nous vous proposons un petit feedback de nos lectures estivales.

Pour commencer, si vous aimez ce blog, vous aimerez forcément Abysses, de Frank Schätzing. On y parle de baleines, d'arrêt du Gulf Stream, de réduction de la biodiversité marine et beaucoup de ces fameux hydrates de méthane.

Ces mystérieux hydrocarbures jouent un rôle très important dans ce techno-thriller remarquable - comme ils le joueront dans le monde dans quelques années. Très bien documenté, l'ouvrage décrit tout ce que l'industrie pétrogazière offshore est aujourd'hui capable de faire pour satisfaire notre soif d'énergie : même si ce n'est pas le sujet proprement dit du livre, on en frissonne à l'avance.

Certains verront dans la trame de ce roman des réminiscences de la Proie de Michael Crichton ; d'ailleurs, le titre original est Der Schwarm (l'essaim). Mais l'oeuvre de Schätzing dépasse de plusieurs coudées celle de Crichton.

Comme souvent, la fin ne vaut pas le début, mais ces presque mille pages vous tiendront bien en haleine quelques soirées...

Est-ce qu'un autre Allemand, d'Hollywood cette fois - Wolfgang Petersen pour ne pas le nommer - nous portera cela à l'écran ? Espérons alors que ce ne sera pas un autre Poséidon mais qu'on retrouvera plutôt le talent de Das Boot.

Tiefer !
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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 17:09
Dans le cyber-monde caché que forment les médias dits alternatifs, une figure du début des années 2000 vient de s'connaître une première éclipse dans l'intimité de ses rares derniers abonnés : le Réseau Voltaire.

Cette disparition temporaire est survenue un an et demi après celle, définitive et pathétique, d'un de ses homologues états-uniens, le site From The Wilderness ("Ici le désert"). Ce dernier a, de toute évidence, poussé la théorie du complot jusqu'au bout pour masquer sa déroute financière : son fondateur s'était échappé au Venezuela pour fuir de mystérieux "ennemis intérieurs" avant de devoir se faire rapatrier d'urgence pour raisons médicales.

Ces sites, souvent proche des milieux alter-mondialistes, ont connu leur moment de gloire après le 11-Septembre en relayant, voire en créant, des thèses les plus abracadabrantesques les unes que les autres, sur ce qui s'était vraiment passé ce jour-là. Toutes les méthodes de désinformation furent utilisées pour les cautionner : par exemple; on profita de l'absence de dépositions formelles en ligne des témoins visuels du crash du 757 sur le Pentagone pour démontrer que cet avion n'avait jamais frappé le bâtiment polygonal et qu'il s'agissait donc d'un missile de l'armée.

Malgré l'ineptie de leurs "études", il était important, pour la liberté de la presse, que ces sites ne soient pas frappés d'interdiction pour affabulation gratuite, non-respect des victimes des attentats et de leurs familles ou encore diffamation vis-à-vis des principaux membres du gouvernement Bush. Mais, même si les coûts d'exploitation de tels médias sont très faibles en regard de leur audience grâce à Internet, une sorte de sélection naturelle a donc fini par les rattraper.


Puisque l'ère des cancans complotistes et partisans semble désormais s'achever, il reste à souhaiter que de vrais journalistes d'investigation, des écrivains ou des producteurs de cinéma nous éclairent enfin sur ce qui a conduit aux attentats du 11-Septembre, plutôt que de nous romancer à l'infini cette funeste journée.

Hollywood nous a gratifié d'un doublé Vol 93 / World Trade Center parfaitement inutiles et qui sont heureusement déjà oubliés. Le controversé Michael Moore a effleuré le sujet avec son Fahrenheit 9/11, mais ses positions ouvertement anti-Bush réduisent la portée du film : il est difficile de croire que tous les facteurs ayant amené le 11-Septembre soient survenus dans les neuf mois d'investiture du Président républicain. Les démocrates sont-ils blancs comme neige ?

Un disciple de Cronenberg, avec Syriana, est sans doute celui qui est aujourd'hui allé le plus loin, en supprimant volontairement toute référence au 11-Septembre, même si la scène finale pourrait en être une métaphore. Mais c'est probablement le format d'une série télévisée qui permettra le mieux à une équipe talentueuse de traduire la complexité du sujet.

Contrairement au Titanic dont la scène du naufrage est incontournable mais qu'il faut compléter par une intrigue romanesque pour en faire un film, le 11-Septembre ne peut être correctement traité qu'en plaçant les mots "The End"  avant le décollage du premier avion.
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30 mars 2008 7 30 /03 /mars /2008 21:59
PetroApocalypse Now ? est un documentaire TV décrivant la problématique du pic pétrolier.

Rompant avec la tradition de la voix off, le commentaire est uniquement constitué de verbatim de personnalités.



Il dispose d'un générique impressionnant, surtout à la deuxième ligne ;-)

Vous pourrez en découvrir quelques images en avant-première sur les supports de présentation utilisés lors de la conférence donnée le 12 mars dernier à la CCI de Lozère, sur le thème du pic pétrolier et de l'envol du prix du pétrole.
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27 février 2008 3 27 /02 /février /2008 13:41
Attention : ce qui suit révèle une partie (seulement) de l'oeuvre commentée.

"Le 11 Septembre revisité par la génération YouTube". C'est à peu près tout ce qu'on peut lire aujourd'hui comme critiques sur le film Cloverfield, sorti récemment sur les écrans.

undefinedUne telle interprétation est évidemment superficielle. Que voit-on dans ce film ? Une jeunesse dorée, urbaine et américaine se trouve brutalement plongée en plein cauchemar. Des créatures monstrueuses détruisent leurs idéaux (la Statue de la Liberté), leurs solutions de mobilité (voitures, métro, hélicoptères) et leurs habitations, avant de s'en prendre à eux et de les faire mourir dans d'atroces souffrances. Seul l'Etat militaro-policier survit à ce chaos, on le comprend dès les premières images.

Qui sont les monstres ? Tout d'abord, un Destructeur dans le plus pur style Godzilla (quoique on pourrait aussi évoquer King Kong ou le Bonhomme Marshmallow de Ghostbusters), gigantesque, effroyable et indestructible. Certains lui trouvent des ressemblances avec le Cthulhu de Lovecraft. Pour nous, il s'agit clairement du système financier mondial qui échappe à ses créateurs et ravage aveuglément leur univers.

En effet, les auteurs du film eux-mêmes l'avouent : ce monstre vient de naître et casse tout plus par panique que par dessein. Quelle ville évoque le mieux la finance mondiale ? New York évidemment. Quelle est la première action connue du géant reptilien, avant même de décapiter le chef-d'oeuvre de Bartholdi ? Couler un pétrolier dans le port de New York : autrement dit, sa première cible a été le marché des commodités, dont le pétrole est le représentant le plus emblématique. La fureur maladroite du titan en détruit le marché physique, de même qu'aujourd'hui l'omniprésence des fonds d'investissement sur les marchés des matières premières fait tellement flamber les prix que la demande se fait détruire, alors que l'offre est encore satisfaisante.

On voit ensuite de petites créatures, versions évoluées de l'avatar en forme de crabe d'Alien, tomber du monstre occupé à détruire les bâtiments et s'attaquer aux individus : il s'agit bien évidemment d'une métaphore des crédits à taux variables, qui mordent jusqu'au sang leurs malheureuses victimes et compromettent à terme leurs espoirs de survie (nous essayons d'éviter le piège du spoiler dans cet article, il y aurait plus à dire).

La volonté des auteurs de filmer l'intégralité de l'oeuvre en caméra subjective par pratiquement toujours le même observateur a un effet négatif sur le rythme global. Mais il était difficile de faire autrement : le but était bien de montrer la catastrophe du seul point de vue de la "génération sacrifiée" des moins de trente ans, dont l'avenir est durablement bouché. Les autres classes d'âge ont en effet évacué les lieux de la catastrophe avec l'aide des autorités, et n'auront de la crise qu'une vision atténuée par l'éloignement.

Que signifie le titre "Cloverfield" ? littéralement, "champ de trèfles". Mais en anglais, to live in clover (litt. "vivre dans le trèfle") se traduit par "vivre comme un coq en pâte". Le film joue de ce décalage entre l'enfer que vivent les héros et les images mièvres du bonheur yuppy d'avant le surgissement du monstre : alcool, musique, jobs haut de gamme et "bonnes journées" passées au parc d'attractions de Coney Island.

"Cloverfield", c'est donc le nom de code de ce paradis, désormais perdu et dévasté par des calamités financières échappées d'une boîte de Pandore.
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