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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 07:00

Pour continuer dans l'hommage aux pochettes d'album de Supertramp, nous tenons à signaler que l'un des Chevaliers de la Quête du Saint Pic Pétrolier, Colin Campbell, prend sa retraite définitive en écrivant sa dernière newsletter, frappée du numéro 100. Le bulletin continuera à paraître, mais représentera désormais le point de vue de l'ASPO-Irlande, dont le pays d'appartenance a encore un long chemin à faire pour s'extraire de sa dépendance aux énergies fossiles.

Dans ses dernières déclarations, le Dr. Campbell rejoint donc l'avis de nombreux autres experts sur le fait que le pic pétrolier a été franchi l'année dernière :
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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 14:33
Six mois après, voilà que l'AIE à son tour pense que le pic pétrolier a été passé.

C'est dans l'Usine Nouvelle de cette semaine que l'analyste de service fait cette déclaration qui passe presque inaperçue : la couverture de l'hebdomadaire est consacrée à la santé de l'industrie mécanique en France.

Ce M. Lopez n'est pas géologue, mais spécialiste de l'industrie pétrolière. Son raisonnement est similaire au nôtre : même si les capacités vont pouvoir encore un peu agmenter en 2009 et 2010, la consommation est définitivement en berne. Les investissements ont été brutalement ralentis : dans le même numéro, un autre article cite un autre analyste, de l'IFP cette fois, qui signale que tous les projets de production de pétrole "non conventionnel" (soit essentiellement les machins bitumineux et l'offshore profond) ont été reportés.

La production ne pourra donc pas suivre la consommation lorsque celle-ci repartira à l'échelle mondiale à l'issue de la crise : nous avons touché le plafond.

La conclusion de l'article va réjouir les piquistes :
Si la crise n'est que temporaire... il faudrait investir pour avoir des capacités supplémentaires. Cependant, je prévois que beaucoup de projets vont être différés. Avec, peut-être, à la clé, des pénuries : il est difficile de synchroniser les cycles de demande et de production !

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 00:00
L'une des icônes du pic pétrolier est sur le point de disparaître du paysage médiatique : le Dr. Campbell, initiateur de la fameuse ASPO Newsletter, prendra sa retraite définitive après la parution de son 100ème numéro, soit en mai prochain.

Wanted ! Peak OilEst-ce du fait de la chute inopinée du cours du brut ?

Ou bien du fait que le pic a peut-être été passé dans l'indifférence en juillet dernier ?

Ou encore du fait que son modèle de prévision, malgré de récents perfectionnements, ne sait pas gérer la baisse de la demande à venir ?

Ou, tout simplement, parce qu'il souhaite enfin jouir d'un repos bien mérité ?

Ce départ laisse en tout cas ASPO-Irlande en grand désarroi :
The future of the newsletter is an issue for which we would like to invite your consideration.

L'avenir du bulletin est un problème sur lequel nous sollicitons votre considération.
Le piquisme vit décidément des heures bien sombres.

Colin Campbell et notre compatriote Jean Laherrère avaient alerté les premiers le monde occidental - c'était dans le Scientific American de mars 1998 - de la proximité du pic pétrolier et de ses conséquences probables. Son bulletin, longtemps vénéré par les quelques originaux qui s'intéressaient à la question, perdit petit à petit du terrain face à des sites Internet moins austères - comme TOD - ou plus exigeants - comme ASPO-France - qui lui doivent beaucoup de choses et qui ont fini par couper le cordon ombilical.

Il s'apprête ainsi à rejoindre Marion King Hubbert au panthéon des géologues du monde fini.
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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 07:00
Toujours là où on ne l'attend pas*, notre hyper-Président a fait en fin de semaine dernière une déclaration étonnante, curieusement reprise uniquement par un média moyen-oriental :
Alors qu'il devisait avec des diplomates étrangers basés à Paris, Nicolas Sarkozy a émis une proposition plutôt inhabituelle : fixer les prix du brut à un niveau acceptable à la fois des producteurs et les consommateurs.

"Il est dans l'intérêt de tous de réglementer les prix des matières premières, pas seulement le pétrole, pas seulement le gaz, mais toutes les matières premières", a déclaré Sarkozy.

Voilà qui enverrait illico au grenier notre barilomètre !


Inutile de dire qu'une telle proposition est vue d'un mauvais oeil par Wall Street et, plus généralement, par les fonds de pension américains qui se préparent à revenir sur lesdits marchés des matières premières.


Affaire à suivre... Pour commencer par le plus facile, on pourrait figer le prix de la tonne de CO2, plutôt que la laisser s'effondrer.

Même si on est encore loin de la mise en application d'une telle idée, le simple fait qu'elle soit formulée à haut niveau est significatif. N'importe quel homme d'Etat se serait ridiculisé il y a quelques années à tenir les mêmes propos.

Est-ce qu'il en parlera à Nicolas Hulot, lors de son déjeuner de travail aujourd'hui ? Osera-t-il le redire aux ultra-libéraux déprimés de Davos ?

EDIT : en attendant, les Etats-Unis ont réagi :
La Cour suprême des Etats-Unis a désavoué Areva lundi, dans une décision qui implique que l'uranium enrichi importé aux Etats-Unis pourra être à l'avenir soumis à des mesures anti-dumping.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage...


* saluons le travail de veille d'hyperion pour cette brève passée inaperçue dans le reste du Paysage Internet Francophone (PIF)
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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 00:00
Alors que Mining Weekly tente de relancer le cours de l'uranium à la hausse en attirant l'attention sur des capacités de production un peu limitées d'ici 2020 - sans doute a-t--il été déçu que l'AIE oublie de parler de la filière uranium dans son dernier WEO -  le Metals Economics Group vient de publier un intéressant document intitulé World Exploration Trends (tendances mondiales dans la prospection minière).

On y trouve par exemple confirmation de la très faible fraction - voir ci-contre - des investissements effectués pour la prospection de l'uranium. Il est important de préciser que fer et charbon ne font pas partie du périmètre considéré.

La flambée des cours de l'uranium survenue en 2006-2007 a quelque peu donné des ailes aux "juniors", ces petites compagnies qui prospectent en espérant pouvoir (se) revendre aux majors une fois de fructueuses découvertes faites. Mais l'or reste pour l'instant la ressource non ferreuse le plus recherché : 4 milliards de dollars ont été dédiés à sa recherche en 2007, contre moins d'un milliard pour l'uranium, pas encore suffisamment cher pour appâter les prospecteurs avides. Pour fixer les ordres de grandeur, rappelons que la même année, l'industrie pétrogazière a consacré environ 100 milliards à l'exploration pure.

Très intéressant également, la répartition des budgets de prospection par pays : 19% des dépenses de prospection ont été effectuées au Canada, contre seulement 6% en Russie. On peut donc supposer les vastes plaines sibériennes sont loin d'avoir été sondées avec attention et que d'importantes ressources de mineraux, uranium et autres non ferreux, attendent d'y être découvertes. Dans une moindre mesure, c'est également vrai pour la Chine (3%) ou le Brésil (3%), ce dernier s'intéressant apparemment plus à son pétrole offshore. Dans ce cas-là encore, il nous est difficile de croire que tout le sous-sol amazonien a fait l'objet d'études géologiques approfondies.

Voilà qui renforce donc notre conviction que nous sommes loin d'avoir atteint les limites physiques de la planète, notamment pour ce qui concerne l'uranium.
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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 07:00
Héros mythique des altermondialistes, des écologistes puis plus récemment des spéculateurs sur les marchés des matières premières, le pic pétrolier correspond à la date où la production mondiale de pétrole atteindra son maximum historique.

Et si ce fameux Peak Oil était passé ? La prise en compte de la crise naissante perturbe sensiblement les modèles prévisionnels de production, qui supposaient une croissance régulière de la consommation.

Ces dernières années, des jours et des jours de calcul sur Excel ont tenté d'approcher, de façon plus ou moins précise, quand surviendrait ce fameux moment futur où la production de pétrole mondiale atteindrait son maximum absolu.

On avait d'un côté les piquistes, qui pensaient que la géologie allait ainsi décapiter l'économie mondiale en provoquant une pénurie mondiale de pétrole ; leurs penchants anticapitalistes ou anti-états-uniens les poussaient alors à chercher à démontrer l'imminence de la Fin du Monde et de l'American Way Of Life. De l'autre côté, il y avait l'AIE, le CERA, tous ceux que les piquistes appelaient les terraplatistes, car ces derniers utilisaient prétendûment des raisonnements simplistes du style "puisqu'il y en a aujourd'hui, il y en aura encore demain".

Or les piquistes eux-mêmes étaient dans un sens terraplatistes : ils considéraient que l'offre, quelle que soit son augmentation, serait toujours absorbée par la demande d'un monde en plein développement économique. Bref, ils n'avaient pas vraiment de modèle prospectif robuste sur le plan économique.

La crise dans laquelle nous sommes en train de plonger, si elle se révèle effectivement aussi sévère que nous l'annonce le dernier Prix Nobel d'économie, est pourtant bien partie pour endommager sérieusement et durablement la croissance mondiale. L'industrie automobile commence à dévoiler ses miteux résultats de septembre, et comme disait l'autre, le pire est à venir : la grande consommation, l'immobilier, les projets d'infrastructures (mêmes les plus verts) voient leur activité freiner brutalement. Plus généralement, quasiment tout le secteur privé est en train de réduire d'un coup la voilure en prévision de la tempête qui s'annonce : gel des embauches, réduction drastique des OPEX, délocalisations à marche forcée, toute la panoplie y passe.

Sans aller jusqu'à évoquer le spectre de la Grande Dépression de 1929, ce que les journalistes adorent faire en ce moment, contentons-nous d'imaginer que cette récession ressemblera à celle du début des années 80. Si on extrapole alors la production des dix prochaines années sur la base de la consommation de cette époque, le résultat est sans appel :
Selon cette hypothèse, la consommation va baisser dans les 3 prochaines années, pour ensuite reprendre mollement pendant au moins une décennie. Compte tenu de l'état des réserves probables et des monstrueux investissements nécessaires pour maintenir le débit global de production, il n'est pas impossible qu'on ne parvienne jamais à remonter au niveau maximal que nous avons atteint dans l'indifférence générale en... 2006. Il est à noter que cette hypothèse est cohérente avec nos dernières prévisions en matières de prix 2009 ; on avait déjà, de façon purement qualitative, évoqué cette hypothèse en janvier 2008. En moyenne mensuelle, c'est juillet 2008 qui fut le record en termes de production. Effet JO ou, plus pragmatiquement, robinets ouverts à fond chez tous les producteurs qui voulaient profiter des prix record ?

Certains pourraient reprocher à cette hypothèse qu'elle fait abstraction des politiques d'efficacité énergétique qui ont été mises en oeuvre lors du second choc pétrolier et qui sont toujours valides : on ne pourrait donc réduire une nouvelle fois la consommation aussi drastiquement.

Quand on voit qu'aujourd'hui, les 4x4 sont au catalogue de tous les constructeurs mondiaux, que nous avons de visu constatés qu'ils forment la catégorie la plus représentée aux USA comme en Chine, et que même en Europe la voiture de moins de 50 ch est jusqu'à présent en voie de disparition, on peut raisonnablement penser que nous sommes loin d'avoir conservé la vertu auquel le pétrole cher d'alors nous avait forcé.

Soulignons de plus que nous n'avons pas appliqué de facteur de proportionnalité au clone de la courbe 1979-1989, ce qui fait que notre point bas, prévu en 2010, est 10% en-deçà du pic de 2006, alors que son équivalent (1983) était 15% inférieur au pic local d'alors (1979).

L'Histoire saurait ainsi remercier ses premiers prophètes : un des piquistes historiques, Kenneth Deffeyes, étaient l'un des rares à maintenir sa position d'un pic déjà passé : il l'avait positionné à l'automne 2005, précisément le jour de Thanksgiving.

Mais avoir raison sur la date ne suffit pas à dissimuler la faille profonde qui était dans le raisonnement : c'est parce que le monde entre en crise que la consommation de pétrole baisse, et non l'inverse.

Jamais deux sans trois, énonce le diction. De même qu'en 1973 et 1979, le pic marque la dernière année où tout va au mieux - et non celle où la situation s'aggrave.

Ces messieurs d'ASPO-France viennent de publier une très intéressante étude intitulée Forecasts of liquids production assuming strong economics constraints. Elle procède de la même approche que la nôtre, par analogie avec l'impact de crises économiques passées sur la consommation, mais en beaucoup plus sérieux : à lire donc absolument !
Leurs conclusions restent assez proches des nôtres : soit le pic est pour maintenant - si la crise actuelle s'avère légère - soit il ne surviendra pas avant 2020.


Cet article a également été publié sur AgoraVox sous le titre Il était une fois le pic pétrolier
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3 septembre 2008 3 03 /09 /septembre /2008 14:45
L'Institut Français du Pétrole a annoncé sur son site qu'il était partie prenante au prochain grand raout mondial du charbon liquéfié, qui se tiendra à Washington DC (excusez du peu) en mars prochain.

Cet intérêt marqué de l'établissement public national est officiellement nouveau et dévoile sans doute que, dans le petit monde du pétrole français, on commence à creuser sérieusement la piste des alternatives au pétrole.

Voilà pourquoi un jour, l'Institut pourrait être rebaptisé "Français des Liquides".

Les autres membres de l'advisory board sont d'origine états-uniennes, chinoises, et... indienne.

Une conférence mondiale ne fait pas le printemps, mais rendez-vous dans six mois, peut-être que quelques annonces concrètes et porteuses d'avenir seront faites à cette occasion.
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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 09:00
Le Bulletin of Atomic Scientists, qui a conçu et exploite l'Horloge de la Fin du Monde, nous gratifie d'un intéressant article intitulé OPEC, peak oil, and the end of cheap gas (l'OPEP, le pic pétrolier et la fin de l'essence bon marché) signé Alfred Cavallo, consultant états-unien en technologie énergétique. Le point de vue développé est suffisamment original pour que nous y jetions plus qu'un oeil.

Pourquoi l'OPEP refuse-t-elle de reconnaître l'existence, si ce n'est l'imminence, du pic pétrolier ? Pour l'auteur, ce n'est pas pour avouer leur misère, mais au contraire pour ne pas étaler trop leurs richesses :
Bien qu'ils possèdent un immense trésor, aucun des membres de l'OPEP ne dispose d'une base militaro-industrielle significative, ce qui les met en danger de se faire envahir par leur plus grands et plus puissants voisins ou par des puissances mondiales impitoyables, qui agissent dans les coulisses au travers de collaborations avec les dissidents ou d'interventions militaires déguisées. Reconnaître ouvertement que la production non-OPEC va atteindre son pic augmenteraient énormément la valeur des réserves pétrolières des pays de l'OPEP et ferait d'eux des proies encore plus tentantes.
L'auteur considère que l'OPEP reste celui qui fixe les prix du pétrole à l'échelle mondiale. Cette assertion peut sans doute étonner certains de nos lecteurs, à qui nous avons maintes fois souligné l'importance croissante des marchés à terme anglo-saxons dans la détermination des cours. En fait, pour Cavallo, c'est une question d'échelle de temps :
La position officielle de l'OPEP est que les prix sont fixés sur les marchés libres de Londres et de New York. D'une certaine façon, cela est vrai : les prix quotidiens sont déterminés par les forces à court terme du marché, telles que le mauvais temps ou les accidents industriels. Mais la plage du prix à long terme est déterminé exclusivement par la production de l'OPEP relative à la demande.
En produisant depuis plusieurs années le juste nécessaire - avec un certain talent puisque l'auteur fait remarquer que, grâce à l'OPEP, il n'y a eu aucun incident d'approvisionnement malgré la guerre en Irak - l'OPEP enverrait aux marchés à terme le signal d'un prix à long terme élevé, même si ses déclarations médiatiques disent le contraire.

Cavallo souligne ensuite que la politique fiscale européenne en matière de pétrole permet aux pays de l'OPEP d'avoir une meilleure perception du prix du pétrole - à savoir le prix que le consommateur occidental est prêt à payer pour en avoir. Et il en déduit que le prix à la pompe aux Etats-Unis pourrait varier d'ici trois ans entre 5 et 10 dollars le galon, contre 4 contre aujourd'hui.

L'auteur oublie de pousser son raisonnement jusqu'au bout : si le galon d'essence va jusqu'à $10, à combien sera le litre d'essence en Europe ? Pourrons-nous encore nous en payer autant à ce prix ? Car déjà, les premiers signes de destruction de la demande européenne apparaissent, au travers de subventions diverses et variées décidées sans enjeu électoral. Le communiqué récent de l'UIP déclarant une chute de 10% de la consommation française est à prendre avec des pincettes car il n'est pas parfaitement normalisé : il faudra patienter encore quelques mois pour savoir si on consomme moins de pétrole en France. Sur les routes des vacances, en tout cas, ce n'est pas flagrant.

L'auteur conclut par un calcul intéressant : l'augmentation des prix à la pompe aux Etats-Unis constatée entre 2003 et 2008 est équivalente à l'application d'une taxe carbone égale à... 290 dollars la tonne. Rappelons que celle-ci s'échange aujourd'hui sur le marché européen à 24 €, soit presque dix fois moins cher.

Etonnants marchés des matières premières, qui rendent cher ce qui doit rester bon marché pour le bien-être de l'économie, et qui maintiennent bon marché ce qui devrait être cher pour le bien-être de l'environnement...
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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 20:52
C'est pour l'instant la meilleure traduction que nous avons trouvée de l'expression anglophone tipping point. Les climatologues l'utilisent de plus en plus souvent, estimant que l'évolution du climat ne respectera pas toujours sa trajectoire actuelle, gentiment linéaire, qui nous donne l'impression que :
  • 1) finalement, ce n'est pas si terrible, le réchauffement climatique,
  • 2) cela touchera les enfants de nos enfants, pas nous,
  • 3) on a largement le temps de voir venir et de se préparer.
L'introduction de la notion de tipping point dans le débat est loin d'être anodine. Par sa soudaineté, la non-linéarité transforme le changement en catastrophe. Si Marseille passe progressivement du climat méditerranéen au climat subtropical en un siècle, on peut supposer qu'aussi bien l'écosystème naturel que l'écosystème humain sauront s'y adapter. Mais si cela survient rapidement et par à-coups, la cité méridionale risque de connaître un sort analogue à celles des Aztèques, des Pascuans ou des Anasazi. Et en plus, ce sera de notre vivant, si nous pouvons nous permettre l'expression.

A contrario, le pic pétrolier est un phénomène lent et sans tipping point. Il est assez prévisible, sinon dans sa date, en tout cas dans sa forme générale. La production pétrolière varie lentement, à la hausse dans le passé, à la baisse dans le futur, et le "pic" sera en fait peu pointu. Mathématiquement parlant, le phénomène n'est pas catastrophique, et nous pensons que, économiquement ou sociétalement parlant, il ne le sera pas non plus. Nous passerons progressivement du monde d'aujourd'hui à un autre monde - espérons juste qu'il ne sera pas aussi sombre que certains auteurs d'anticipation nous le dépeignent.

Ce qui est, par contre, parfaitement non-linéaire, c'est bien le système économique et financier mondial. Et, pour en revenir au pétrole, la non-linéarité de son prix laisse supposer qu'un tipping point est peut-être proche.

Nous avons parié qu'à la fin de l'année, le baril s'échangera à $75 plutôt qu'à $200. Depuis une semaine, le cours du Brent oscille curieusement juste à la moyenne de ces deux valeurs.

Va-t-il brutalement partir vers l'une ou l'autre de ces valeurs ? Ou bien, tel l'âne de Buridan,  restera-t-il bloqué dans cette improbable zone d'équilibre, tiraillé à la hausse par les spéculateurs professionnels, appelé à la baisse par les consommateurs et leurs gouvernements ?
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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 11:34
La dernière mouture de la Statistical Review of World Energy, généreusement fournie par BP, confirme le rôle majoritaire du charbon dans les émissions de CO2 d'origine fossile. Une inflexion de la production se constate sur les trois grands combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon), signe caractéristique d'un ralentissement de l'économie mondiale.
Le graphique ci-dessus a été simplement obtenu en multipliant les productions mondiales, exprimées en Mtep, par de simples coefficients (respectivement 0,85 - 0,65 - 1,125, trouvés dans un recoin du site de Jean-Marc Jancovici). C'est par cette simple manipulation que nous avions pu établir notre classement des Douze Salopeurs.

En quantité de CO2 d'origine fossile émise, le charbon confirme sa position, acquise l'année dernière, de numéro un devant le pétrole, pour la première fois depuis au moins 25 ans - les données BP ne vont pas plus loin dans le temps. C'est bien entendu la Chine qui est principalement responsable de cette promotion du Roi Charbon.

Ce rôle de plus en plus marqué du charbon dans les émissions de CO2 d'origine fossile - qui, rappelons-le, compte pour moins de la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre - affaiblit l'argument d'un pic pétrolier qui nous permettrait d'échapper à un réchauffement climatique néfaste pour l'humanité.

Enfin, point important qui permet de relativiser la stagnation de la production pétrolière, les productions gazière et charbonnière voient également leur croissance ralentir depuis 2004. Il peut s'agir d'un problème de débit - les infrastructures minières arrivant simultanément à saturation - mais on peut aussi y voir les signes d'un atterrissage de l'économie mondiale.

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