L'arrivée imminente de l'Autolib marque-t-elle la fin de la voiture thermique (ICE en jargon anglophone) et le début de la suprématie de la voiture électrique (EV dans le même jargon) ?
Rien n'est moins sûr. Signalons au passage qu'Autolib n'est pas une solution d'autopartage mais plutôt une façon détournée mais efficace, pour le groupement Autolib, de mettre la main sur de précieux espaces de voie publique qui pourront servir dans le futur à recharger toutes sortes de véhicules, qu'ils soient 100% électriques ou hybrides rechargeables (PHEV, toujours dans le même jargon).
Voici un petit schéma qui décrit comment vont probablement évoluer les proportions des différentes motorisations dans les dix ans qui viennent en Europe :
On constate tout d'abord la disparition progressive du Diesel, devenant de plus en plus coûteux au fur et à mesure que les législations antipollutions se durcissent, sans qu'il soit pour autant possible pour les constructeurs de répercuter l'intégralité de ce surcoût à l'acheteur final. De plus, l'Union Européenne commence en avoir un peu assez de sa fiscalité avantageuse et nos Etats endettés vont finalement se dire qu'il serait dommage de ne pas un peu plus taxer ces millions de contribuables mazoutophiles. Enfin, les constructeurs ont besoin aujourd'hui d'investir lourdement dans le moteur à essence pour répondre aux besoins des marchés non-européens, donc finalement que le diesel devienne une impasse technologique n'est pas pour leur déplaire.
Les petits véhicules sont parfois les 2e sinon les 3e véhicules des foyers aisés ; ceux-là vont pour partie se convertir à l'électrique. Par contre, les foyers financièrement contraints qui achètent des citadines parce qu'ils ne peuvent pas payer plus resteront fidèles à une formule peu coûteuse et leur garantissant une autonomie raisonnable : les moteurs à essence sont pour eux, pic pétrolier ou pas.
A l'autre bout du marché, les véhicules gros, lourds et coûteux, qu'ils soient SUV ou berlines statutaires et ostentatoires ne pourront pas passer à l'électrique, pour des raisons évidentes de coût et d'autonomie. Par contre, elles vont rapidement se muer en PHEV, fonctionnant sur batteries en semaine pour les déplacements domicile-travail et domicile-shopping et retrouvant le goût de l'essence pour le week-end et les vacances, lorsqu'il s'agira d'aller à Deauville ou Courchevel. Là encore, le diesel est mal parti, les constructeurs se contentant d'améliorer leurs gros moteurs à essence pour leur clientèle mondiale, asiatique comme européenne.
Au milieu du marché, on est un peu entre les deux : une petite frange de véhicules électriques adressera principalement les véhicules de flotte, mais le PHEV séduira plutôt les particuliers, qui préféreront payer plus cher leur solution de mobilité que d'avoir un rayon d'action limité.