Certains films de série B disparaissent mystérieusement des écrans alors même qu'ils se révèlent étonnamment actuels.
Utime Décision (Critical Decision, Baird, 1996) fait partie de ce lot : il décrit comment des terroristes moyen-orientaux parviennent à prendre le contrôle d'un Jumbo Jet, dans le but de le précipiter sur Washington. L'ultime décision dont il est question dans le titre est tout simplement celle que doit prendre le Président quand il faut donner l'ordre d'abattre l'appareil. Déjà vu ?
Nous avions visionné il y a quelques semaines - et avant le 11 mars, en bons visionnaires - le Syndrome Chinois (The China Syndrom, Bridges, 1970). Disposant apparemment d'un budget limité, le réalisateur a préféré investir dans le cachet des acteurs - Jack Lemmon notamment, parfait en directeur d'exploitation de centrale nucléaire - que dans les effets spéciaux. Résultat : de syndrome chinois il n'y a pas, même pas un petit relâchage d'effluents radioactifs, par contre il y a des méchants et des pourris partout dans l'écosystème de l'industrie nucléaire américaine : tout le monde en prend pour son grade. Une bonne illustration, même si elle est évidemment stéréotypée, des faiblesses de pouvoir et de responsabilité qui ont conduit le management de Tepco à transformer un de ses actifs en monument à sa propre bêtise.
Hier soir, nous sommes tombés sur un autre vieux film incroyable de modernisme : la Bête de Guerre (The Beast, Reynolds, 1988). Ce film narre l'épopée d'un équipage de char d'assaut soviétique perdu dans le désert afghan et poursuivi jusqu'à l'hallali par une bande de résistants en turban. Les Russes parlant américain, il n'est vraiment pas diificile aujourd'hui de transposer la situation à ce qu'est sans doute la guerre d'Afghanistan d'aujourd'hui. Ce n'était pourtant pas l'intention du metteur en scène, qui voulait sans doute évoquer le Vietnam en choisissant paradoxalement un lieu qui en soit l'exact opposé : pas une goutte de pluie, pas un arbre, rien que des rochers.