Le lancement d'un think tank sur l'innovation - autrement dit, un truc pour avoir des idées sur la façon d'avoir des idées - a porté à notre connaissance l'existence d'une étude régulière du Boston Consulting Group (BCG) et de l'hebdomadaire BusinessWeek sur les entreprises mondiales les plus innovantes.
Qui sont ces fers de lance de l'innovation ? Dans les 5 premiers, on trouve Apple (numéro un), Google, Microsoft, IBM et Toyota. Bon, pourquoi pas, mais sur quels critères ?
C'est là que le bât blesse : le BCG ne s'est pas fatigué à construire une mystérieuse formule dans laquelle on injecterait les dépenses en R&D, le taux d'introduction de produits nouveaux ou encore le nombre de brevets déposés. La cabinet de conseil s'est contenté de fournir une liste d'entreprises à un panel de cadres dirigeants en leur demandant de les classer, puis a fait une moyenne sans doute pondérée des résultats.
Et alors ? N'est-ce pas là une bonne application de la sagesse des foules ?
On peut en douter, comme nous l'avions fait en constatant la myopie des organisations internationales façon Davos, incapable d'une prospective autre que tendancielle. La plupart de ces cadres ont fait les mêmes écoles, vivent dans le même milieu social et, du fait de leurs hautes responsabilités, vivent dans un univers très étroit constitué de leur bureau, de leurs salles de réunions habituelles, de l'habitacle de leur véhicule et de lounges d'aéroports.
Bref, les conditions clés d'apparition du groupthink sont réunies ! Et le classement ainsi obtenu donne surtout l'impression d'utiliser la fréquence avec laquelle le nom de ses sociétés apparaît dans les rapports deu BCG et les articles de BusinessWeek, seules ouvertures étriquées vers le monde extérieur d'un nombre effarant de hauts responsables.