23 octobre 2009
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Le Centre d'Analyse Stratégique a publié discrètement quelques points de vue d'experts sur ce qu'il faut essayer de défendre à Copenhague.
Pour Jean Tirole, il faut mettre en place un vrai système de quotas d'émissions de GES, à l'échelle mondiale et sans toutes ces exceptions qui font que le système européen actuel n'a d'intérêt que pour les opérateurs financiers (chouette, un marché dérivé de plus !). C'est déjà loin d'être évident à instaurer, mais déjà, rien que ça serait un grand pas dans la maîtrise des émissions.
Certains pays pauvres continuent à réclamer en sus des transferts de technologie à prix préférentiels. D'éminents intellectuels n'hésitent pas à prendre la plume pour renchérir sur ce sujet "fondamental" et "crucial". C'est effectivement une façon fondamentale de faire capoter le processus de négociation, pour plusieurs raisons.
D'abord, parce que ceux qui peuvent décider ne sont pas autour de la table. Aux dernières nouvelles, les Etats ne sont pas propriétaires des technologies conçues sur leur sol par leurs citoyens : ce sont les entreprises qui ont payé lesdits citoyens qui possèdent ces droits. Qu'un soi-disant plénipotentaire négociateur climatique promette de tels transferts, il entendra parler du pays quand il y rentrera.
Ensuite, parce que ce n'est pas un sujet central dans la réduction des émissions, mais au contraire périphérique.
D'un point de vue général, les transferts de technologie les plus urgents sur le plan humanitaire sont bien évidemment ceux relatifs aux médicaments, or on sait bien qu'aujourd'hui, il n'est même pas question que ce point soit négociable ; pourtant, des milliers d'hommes meurent aujourd'hui dans les pays pauvres faute de soins adaptés - ceux relatifs au traitement du SIDA par exemple. Pourquoi alors privilégier des transferts de technologie n'ayant qu'une conséquence lointaine et indirecte sur le bien-être de l'humanité, à savoir le climat des prochains siècles ?
Vous allez nous dire : le solaire, l'éolien, l'efficacité énergétique. On vous répondra que toutes ces solutions décentralisées peuvent être mises en pratique sans payer de royalties à quiconque, on est dans de la technologie rustique, voire pas de technologie du tout.
Et le charbon dit "propre", alors ? Faux débat : les technologies de "charbon propre" aujourd'hui sous licence occidentale visent à réduire les émissions de polluants (SO2, NOx) et non celles de CO2. La capture et séquestration du CO2 est loin d'être aboutie en matière de R&D et de toute façon, elle sera inaccessible aux pays pauvres car très coûteuse.
Bon, et le nucléaire ? On retombe ici sur la question de la non-prolifération, qu'il ne faut pas traiter dans un cadre purement climatique car on n'y mesure pas toutes les retombées (si nous osons dire) des options possibles. Et la plupart des pays émergents ayant un rôle à jouer conséquent dans les émissions futures - au hasard, la Chine - possèdent déjà les technologies de 3ème et 4ème générations nucléaires. S'ils ne la déploient pas, c'est comme d'habitude parce que ça coûte très cher.
Alors, pourquoi continue-t-on donc à parler de ces fameux transferts de technologies "propres" ? Principalement parce que cela fournit d'intarissables sujets à des juristes désoeuvrés et qui manquent de connaissance en droit du travail pour participer à la Grande Bulle de la Grippe A.
A vouloir utiliser les négociations climatiques pour régler tous les problèmes, depuis le financement du développement des pays pauvres jusqu'au système financier international en passant par le climat (on allait l'oublier), on va finir par ne rien régler du tout. Copenhague est une auberge danoise où tout le monde s'imagine aller dégotter qui des sous, qui des sujets de recherche en droit international, qui des grandes envolées lyriques, qui de l'amour de son prochain, qui de la visibilité médiatique, etc.
Cela devient fatigant et l'Histoire montre que les décisions, de Yalta à Bretton-Woods en passant par (la rue de) Grenelle, ne se prennent pas sur des scènes où tous les personnages jouent une pièce différente.
Pour Jean Tirole, il faut mettre en place un vrai système de quotas d'émissions de GES, à l'échelle mondiale et sans toutes ces exceptions qui font que le système européen actuel n'a d'intérêt que pour les opérateurs financiers (chouette, un marché dérivé de plus !). C'est déjà loin d'être évident à instaurer, mais déjà, rien que ça serait un grand pas dans la maîtrise des émissions.
Certains pays pauvres continuent à réclamer en sus des transferts de technologie à prix préférentiels. D'éminents intellectuels n'hésitent pas à prendre la plume pour renchérir sur ce sujet "fondamental" et "crucial". C'est effectivement une façon fondamentale de faire capoter le processus de négociation, pour plusieurs raisons.
D'abord, parce que ceux qui peuvent décider ne sont pas autour de la table. Aux dernières nouvelles, les Etats ne sont pas propriétaires des technologies conçues sur leur sol par leurs citoyens : ce sont les entreprises qui ont payé lesdits citoyens qui possèdent ces droits. Qu'un soi-disant plénipotentaire négociateur climatique promette de tels transferts, il entendra parler du pays quand il y rentrera.
Ensuite, parce que ce n'est pas un sujet central dans la réduction des émissions, mais au contraire périphérique.
D'un point de vue général, les transferts de technologie les plus urgents sur le plan humanitaire sont bien évidemment ceux relatifs aux médicaments, or on sait bien qu'aujourd'hui, il n'est même pas question que ce point soit négociable ; pourtant, des milliers d'hommes meurent aujourd'hui dans les pays pauvres faute de soins adaptés - ceux relatifs au traitement du SIDA par exemple. Pourquoi alors privilégier des transferts de technologie n'ayant qu'une conséquence lointaine et indirecte sur le bien-être de l'humanité, à savoir le climat des prochains siècles ?
Vous allez nous dire : le solaire, l'éolien, l'efficacité énergétique. On vous répondra que toutes ces solutions décentralisées peuvent être mises en pratique sans payer de royalties à quiconque, on est dans de la technologie rustique, voire pas de technologie du tout.
Et le charbon dit "propre", alors ? Faux débat : les technologies de "charbon propre" aujourd'hui sous licence occidentale visent à réduire les émissions de polluants (SO2, NOx) et non celles de CO2. La capture et séquestration du CO2 est loin d'être aboutie en matière de R&D et de toute façon, elle sera inaccessible aux pays pauvres car très coûteuse.
Bon, et le nucléaire ? On retombe ici sur la question de la non-prolifération, qu'il ne faut pas traiter dans un cadre purement climatique car on n'y mesure pas toutes les retombées (si nous osons dire) des options possibles. Et la plupart des pays émergents ayant un rôle à jouer conséquent dans les émissions futures - au hasard, la Chine - possèdent déjà les technologies de 3ème et 4ème générations nucléaires. S'ils ne la déploient pas, c'est comme d'habitude parce que ça coûte très cher.
Alors, pourquoi continue-t-on donc à parler de ces fameux transferts de technologies "propres" ? Principalement parce que cela fournit d'intarissables sujets à des juristes désoeuvrés et qui manquent de connaissance en droit du travail pour participer à la Grande Bulle de la Grippe A.
A vouloir utiliser les négociations climatiques pour régler tous les problèmes, depuis le financement du développement des pays pauvres jusqu'au système financier international en passant par le climat (on allait l'oublier), on va finir par ne rien régler du tout. Copenhague est une auberge danoise où tout le monde s'imagine aller dégotter qui des sous, qui des sujets de recherche en droit international, qui des grandes envolées lyriques, qui de l'amour de son prochain, qui de la visibilité médiatique, etc.
Cela devient fatigant et l'Histoire montre que les décisions, de Yalta à Bretton-Woods en passant par (la rue de) Grenelle, ne se prennent pas sur des scènes où tous les personnages jouent une pièce différente.