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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 07:00
Connaissez-vous la loi de Gresham ?

Remercions James Hansen qui nous a permis de la découvrir, à l'occasion de sa dernière newsletter.

En effet, en réponse à une réponse qu'il a reçue du gouvernement australien, il y dresse une série d'arguments contre le système de cap-and-trade tel que nous l'avons mis en place en Europe et vers lequel semble également s'orienter le gouvernement Obama. Ainsi, sur la question de l'efficacité de la méthode des quotas :
1. Les quotas réalistes sont incomplets et ne régissent pas ce qui compte : les émissions totales.
2. Des compensations sont souvent permises et souvent faiblement garanties, ce qui crée encore plus d'incertitude
3. Comme c'est la cas avec n'importe quelle loi, les quotas peuvent et seront modifiés à plusieurs reprises d'ici 2050
4. Les quotas ont été/sont largement rejetés par certains pays, le quota mondial sera donc bien trop élevé.
5. Quand les quotas sont acceptés, ils sont souvent fixés à des valeurs trop élevées - comme cela est arrivé, par exemple, pour la Russie.
6. Si un jeu complet de quotas bas est établi, le commerce des permis d'émission sera probablement soumis à la loi de Gresham - "la mauvaise monnaie chasse la bonne" - Plusieurs pays émettront trop de permis ou échoueront à renforcer les exigences. Ces permis, moins chers, seront échangés sur le marché mondial et saperont le quota mondial.
7. Les quotas seront extrêmement difficiles à abaisser car ils doivent être fixés par rapport à l'activité habituelle (Business As Usual ou BAU), qui ne peut pas être prédite avec précision : les émissions BAU de la Chine ont augmenté de 27% de 1990 à 2000, mais augmenteront de plus de 100% de 2000 à 2010. En prétextant une erreur dans l'estimation du BAU, un pays peut facilement refuser de respecter son quota. Le Canada, un pays grandement respecté, profite actuellement de cette possibilité.
La plupart de ces arguments sont assez fondés, sauf le 6 où la référence à cette loi ne nous paraît pas pertinent.

La loi de Gresham s'applique, de façon générale, à un marché où deux types de biens s'échangent : le premier correspond à un produit de valeur, le second à un produit de moindre valeur mais qu'une règlementation assimile au premier type. Les acteurs d'un tel marché ont tendance à garder pour eux les biens du premier type, et à ne s'échanger que les biens du second type, ce qui fait qu'on ne finit plus par trouver sur le marché que ces produits-là. C'est ni plus ni moins que le jeu du mistigri, version financière : à la fin du jeu, les bonnes cartes restent en mains et le valet de trèfle circule.

Ses remarques sur la volatilité des prix qu'induit un système d'échange de quotas sont par contre de meilleur aloi. Il cite également un journaliste du New York Times, qui souligne qu'en ces temps de désamour de l'opinion publique pour Wall Street, une taxe n'est pas forcément impopulaire :
Les Américains accepteront de payer une taxe pour que leurs enfants soient moins menacés, respirent un air plus propre et vivent dans un monde plus durable avec une Amérique plus forte. Ils sont moins prêts à soutenir une firme londonienne négociant les compensations d'une facture d'électricité de Boston avec une firme spécialisée dans les produits dérivés à New York de façon à aider le financement d'une fonderie d'aluminium à Pékin, ce en quoi consiste tout à fait le cap-and-trade.

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commentaires

P
La loi de Gresham, et oui pour une fois que je connais un truc que ne connaissaient pas les Aerobar...! :)<br /> <br /> On en vois aujourd'hui un chouette exemple de la part du gouvernement Chinois qui transforme ses réserves de change dollars, en stocks de pétrole et en or. Ils viennent de dépasser les 1000 tonnes d'or (de mémoire) en coffres.
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A
<br /> ... et ils continuent à échanger des dollars contre des gadgets électroniques !<br /> <br /> <br />
C
"..., sauf le point 6"<br /> Je ne le vois pas dans la liste. On passe du 5 au 7<br /> <br /> PS : Merci à vous pour ces petits moments de lecture et de reflexion quotidienne
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A
<br /> Oups ! Le point 4 avait sauté à la traduction, et la numérotation derrière s'est faite au petit bonheur la chance<br /> <br /> <br />
J
A effacer si inutile. Je pense que la phrase "En effet, en réponse à une réponse qu'il a reçue" se lira mieux ainsi :<br /> "En effet, en réponse à une QUESTION qu'il a reçue".<br /> <br /> Encore merci pour votre excellent blog.
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A
<br /> non non  il s'agit bien de sa réponse à la réponse qu'il a reçue, suite à une première lettre envoyée au "Climate<br /> Change Dept" du gouvernement australien ! On s'y retrouverait mieux s'ils postaient sur un forum, il suffirait de suivre le fil !<br /> <br /> <br />