C'est le titre de la dernière newsletter de Jim Hansen qui s'adresse au futur Président, dans le plus pur style "we do beg you, America".
On y retrouve l'exposé hansénien habituel, plus quelques nouveautés.
D'abord, il plaide pour la mise en place d'une vraie taxe carbone, et non pas pour tous ces dispositifs créatifs chers aux Européens qui ne donnent aucun résultat :
Si les Etats-Unis adhèrent aux approches inefficaces des "objectifs" et des "quotas", en directe continuation de la démarche du Protocole de Kyoto, un changement climatique catastrophique est quasiment garanti.
La deuxième nouveauté, c'est qu'il appelle au développement urgent de la quatrième génération de réacteurs nucléaires. Il ne cherche pas d'argument dans la question de la raréfaction hypothétique de la ressource en uranium, mais plus simplement dans la réduction des déchets nucléaires générés par l'actuelle génération de réacteurs.
La campagne électorale d'Obama, à mon humble avis, s'est opposé à la construction du site de stockage nucléaire de Yucca Mountain. En effet, il y a un moyen bien plus efficace d'utiliser les 25 milliards de dollars prélevés aux opérateurs électriques depuis 40 ans pour gérer leurs déchets. Ce fonds devrait être utilisé pour développer des réacteurs à neutrons rapides qui consomment des déchets nucléaires et des réacteurs au thorium pour empêcher la création de nouveaux déchets nucléaire à longue vie.
Rassurez-vous, il ne considère pas le nucléaire comme la seule et unique option. Son point de vue est finalement assez proche de celui de notre Jancovici national :
Les priorités pour résoudre les questions climatiques et énergétiques tout en stimulant l'économie sont : (1) améliorer l'efficacité énergétique (2) développer et déployer les énergies renouvelables(3) moderniser et étendre un réseau électrique "intelligent" (4) développer la quatrième génération de réacteurs nucléaires (5) développer les capabilités de captation et le stockage du carbone
On constate avec plaisir que Jim Hansen a compris qu'on ne peut pas développer les énergies renouvelables, par nature décentralisées, sans un réseau électrique adapté ; c'est là l'externalité majeure souvent passée sous silence par les partisans de l'éolien ou du solaire, quand ils établissent les bilans économiques de ces sources. Sur ce point, les réseaux états-uniens sont loin derrière les réseaux européens, et nécessitent effectivement une bonne mise à jour.
On note enfin que la captation et le stockage du carbone est remis à sa juste place : à la fin de la liste.