19 septembre 2008
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Au-delà du maintien de la cote de la BD Simon du Fleuve, l'oeuvre très seventies d'Auclair - les chèvres dans le Larzac, l'union libre, tout ça - ces prévisions rétrogrades n'ont pourtant pas de fondement réel, pour peu qu'on se penche sur les chiffres.
Nous nous sommes amusés (?) à calculer de combien d'énergie totale disposera chaque habitant de la planète en nous fondant d'une part sur les prévisions démographiques les plus pessimistes de l'ONU (c'est-à-dire 12 milliards d'habitants en 2100, contre 7 aujourd'hui), et d'autre part sur les prévisions énergétiques établies par EDF R&D, en ne prenant pas en compte le "à trouver" qui permet de prolonger ad vitam eternam la croissance mondiale de la consommation par une droite - ce que certains appellent le scénario BAU et d'autres du terraplatisme.
Ces calculs ont déjà été soi-disant faits par les partisans de la "théorie" d'Olduvai, qui nous annoncent la chose suivante :

Oui oui, vous avez bien vu, dans quelques heures, les premières grandes pannes d'électricité vont commencer et le monde entier sera plongé dans le noir ! Alors, nous n'aurons plus comme issue que de nous étriper mutuellement pour posséder les derniers litres d'essence, les derniers iPod à pleine charge et les derniers sacs de blé qui, c'est bien connu, est une céréale qu'on ne peut fabriquer qu'avec du pétrole et de l'électricité.
Ces schémas circulent en de multiples versions sur la Toile, mais le message général est le même : c'est la fin du monde, partons vite au diable vauvert faire pousser des légumes bio dans notre ferme fortifiée autogérée.
Malheureusement... les calculs sont faux, car la courbe réelle a cette tête-là :

Après avoir connu la Révolution Industrielle, et surtout les Trente Glorieuses, qui nous ont habitués à consommer chaque jour plus d'énergie qu'hier et moins que demain, nous allons donc aborder un long plateau de 50 ans minimum durant lequel la ration d'énergie par habitant va être à peu près constante.
Ce n'est qu'en 2050 que la situation va se dégrader, sauf découvertes de nouvelles énergies, mais à une vitesse finalement assez peu impressionnante : -2% par an en moyenne sur la période 2050-2100, soit une division par un facteur 3 en un demi-siècle.
C'est moins que l'objectif dit du facteur 4, qui suppose d'appliquer ce facteur à nos consommations d'énergie et de matières premières d'ici 2050 : un tel objectif étant officiellement porté par la plupart des nations développées, on peut aisément conclure qu'elles ont vérifié qu'il était raisonnablement atteignable - question de crédibilité - et qu'il ne risquait pas de déstabiliser suffisamment l'équilibre socio-économique - question de survie.
Bref, nous devons consacrer les quarante prochaines années à partager mieux l'énergie disponible à l'échelle de la planète - nous en consommons trop pour satisfaire beaucoup de besoins superflus - et réfléchir à l'étape suivante que nos enfants et petits-enfants devront mettre en oeuvre : que tout le monde consomme moins.
Paris ne s'est pas fait en un jour : un demi-siècle semble parfaitement suffisant pour réduire petit à petit notre récente addiction à la mobilité et au surconfort : pourquoi faire 10 000 km en avion pour bronzer en hiver, pourquoi vouloir absolument que toutes les pièces de nos maisons soient chauffées à 21°, hiver comme été ?
Ce qui est sûr, c'est que, taxe carbone ou pas, l'énergie va devenir de plus en plus chère, et le restera.