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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 18:00
Après le remarquable Abysses, nos yeux se sont posés sur le dernier roman de Michael Crichton, auteur dont nous avions gardé un très mauvais souvenir de son pénultième oeuvre, Etat d'urgence (State of Fear).

L'évitable Etat d'urgence était tellement excessif qu'il ressemblait à une mauvaise parodie, ou plus certainement une commande des négateurs du changement climatique. Il avait le mérite d'attirer l'attention sur les dérives dangereuses de l'écologisme radical, mais dans ce registre le Parfum d'Adam le dépasse de cent coudées. Cocorico.

Une certaine appréhension nous serrait donc l'estomac quand nous commençâmes la lecture de Next. Heureuse et agréable surprise ! Ce roman, qui nous entraîne du côté obscur des OGM, se dévore avec plaisir.

Crichton, médecin de formation, maîtrise bien mieux le sujet des risques et dangers des manipulations génétiques et prend cette fois-ci partie contre l'industrie des sciences de la santé, soulignant les dérives de ces scientifiques à courte vue, apprentis sorciers dont il avaient déjà dénoncé les pratiques dans... Jurassic Park, par la voix du professeur Ian Malcolm, incarné à l'écran par Jeff Goldblum.

Son style a également changé en profondeur, à se demander même s'il n'a pas changé de nègre.

Le roman crichtonien appelle généralement une certaine unité de lieu (une île infestée de dinosaures, un laboratoire expérimental, une usine aéronautique...) où les personnages profitent du prologue, long exposé de vulgarisation scientifique, pour se rassembler et commencer à jouer la pièce.

Rien de tout cela dans Next : c'est une succession de tranches de vie californiennes d'abord sans rapport entre elles, mais qui vont petit à petit se lier entre elles, un peu à la façon de Short Cuts, l'excellent film de Robert Altman.

Disparaît également le lourdingue procédé littéraire, caractéristique de Crichton, où l'auteur décrit de façon détaillée, photos d'écran incluse, la résolution d'une énigme informatique par un des héros de l'histoire, dans le but de (rayer la mention inutile) compter les dinosaures / déverrouiller le système d'autodestruction / etc.

Next présente également une étonnante innovation : l'humour. Crichton nous avait habitué à des personnages très sérieux, dont les mots d'esprit ne dépassaient guère le sophistiqué "comment allez-vous yau de poêle ?".

Cette fois-ci, nous avons droit à un personnage impayable en la personne d'un perroquet transgénique qui, si le livre est un jour adapté au cinéma, méritera sans doute d'être doublé par Eddy Mitchell. Pince-sans-rire, truffé de références cinématographiques, élevé dans la culture française, Gérard - car tel est le nom de ce comique psittacidé - se moque avec un profond cynisme des brûlures inattendues que nous inflige le feu apporté par ces Prométhées en blouse blanche, un feu dérobé sans réfléchir aux conséquences, avec la bénédiction de certains hommes politiques et sous les encouragements des avocats d'affaires, sous le prétexte du progrès qu'on ne peut pas arrêter.
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