30 août 2008
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Le fenghuang (鳳凰 / 凤凰 pinyin : fènghuáng) ou phénix chinois est un oiseau mythique qui règne sur tous les autres oiseaux. Les mâles sont appelés Feng (鳳) et les femelles Huang (凰). Cette distinction des genres est parfois éclipsée pour ne former qu'une seule entité féminine. En effet cet oiseau est souvent associé au dragon (dont il est parfois considéré comme le père) qui est son pendant masculin (Chine Informations)Il y a quelque temps, nous avions imaginé un scénario noir pour l'industrie nucléaire. Avec un peu de recul, nous estimons nécessaire de compléter un peu notre point de vue avec la prise en compte de l'Asie.
Inde et Chine vivent aujourd'hui leurs Trente Glorieuses : une telle croissance ininterrompue est impossible sans un minimum de planification à l'échelle de la nation. Il est donc extrêmement probable que les dirigeants de ces deux pays savent qu'ils ne pourront pas éternellement nourrir les feux du développement avec leurs propres ressources naturelles - principalement le charbon - et qu'il leur faudra donc, d'ici une décennie, faire baculer leur secteur énergétique vers une nouvelle source sûre. L'actualité du pétrole et du gaz leur démontre tous les jours que tout est possible en terme de prix et de sécurité d'approvisionnement, il faut donc s'en affranchir.
C'est ce même raisonnement qu'a mené la France gaullienne : alors que ses gisements charbonniers s'épuisait, le gouvernement français comprit dès la crise de Suez (1956) que le pétrole était une ressource géopolitiquement sensible et qu'il fallait que l'industrie française s'en affranchisse à terme. Le choc pétrolier de 1974 ne fit que précipiter les échéances du plan d'électro-nucléarisation de la France, qui était déjà complètement écrit.
Tout planificateur énergétique sait qu'une politique électronucléaire s'appuyant uniquement sur des réacteurs de génération actuelle est condamnée à terme : même avec les meilleures solutions de retraitement, le combustible (l'uranium U235) finit par être difficile à dénicher - il y a plein dans l'eau de mer, mais personne n'a encore mis au point le procédé industriel capable d'en assurer l'extraction - et les déchets de combustion s'accumulent en parallèle. La Génération IV (réacteurs à neutrons rapides) est donc indispensable pour se garantir un millénaire de tranquillité.
En Occident, la Génération IV est au point mort : la recherche bénéficient de moyens de plus en plus modestes, les industriels rechignent devant les monumentaux investissements en R&D que les Etats surendettés ne peuvent plus prendre en charge, et les politiques sont facilement effrayés par les risques technologiques qu'il faudrait faire accepter au public, de plus en plus méfiants vis-à-vis du progrès technique.
Nombreux sont mêmes ceux qui déclarent l'industrie nucléaire définitivement incapable de fabriquer des centrales de la génération actuelle, en donnant pour exemple les retards et dépassements de budget sur les 2 EPR en construction. Ne négligeons pourtant pas la courbe d'apprentissage : il s'agit d'une "tête de série", comme on dit avec son lot d'aléas. Et les problèmes sont essentiellement dans le génie civil, un domaine où retards et dépassements de budget sont classiques pour ne pas dire incontournables.
En attendant, Superphénix a été arrêté et il faudra sans doute attendre deux à trois décennies pour qu'un nouveau surgénérateur à l'échelle industrielle entre en service en Europe.
La situation en Inde, et surtout en Chine, est radicalement différente : ces pays ont pléthore de chercheurs et d'ingénieurs nucléaires jeunes et ambitieux, de nombreux projets scientifiques et industriels sont en route pour que acquérir l'indispensable expérience du terrain, le financement n'est pas un problème... et la santé publique et l'environnement non plus, face à l'enjeu du développement économique.
Voilà pourquoi un Super Fenghuang de 1000 MW devrait sans doute diverger d'ici dix ans, quelque part en Chine, et/ou en Inde.