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23 août 2008 6 23 /08 /août /2008 15:15
Le documentaire présenté par Al Gore, Une vérité qui dérange, réutilise certaines prises de vues du Jour d'après, par exemple les vues aériennes de banquise. Ce lien entre les deux œuvres n'est pas innocent et appelle à (re)voir la super-production hollywoodienne d'un œil différent.

Le Jour d'après affirme sa volonté de fiction en fondant son synopsis sur un refroidissement climatique soudain : cette option est scientifiquement peu probable et ne concerne que l'Europe, par suite du ralentissement de la Dérive Nord-Atlantique, un courant océanique communément appelée Gulf Stream par l'homme de la rue. L'avantage du scénario de refroidissement est qu'il permet quelques belles images – la Statue de la Liberté enchâssée dans la glace – et offre surtout matière à rebondissements : familles en détresse cherchant à s'enfuir ou à se recomposer au travers de paysages familiers devenus hostiles et impraticables, loups investissant les territoires urbains, vagues d'ultra-froid…

Au passage, ce film de Roland Emmerich aborde sans fioritures le refus des hommes politiques états-uniens - sans doute des Républicains ! - de prendre en compte le risque climatique, les problèmes de l'immigration massive, le « chacun pour soi » des Etats face à un tel dérèglement et l'incapacité des militaires à traiter une situation majeure face à laquelle ils sont… désarmés - alors qu'ils sont systématiquement montrés comme ultime recours dans le reste de la production cinématographique hollywoodienne. Ces aspects sont des points-clés du problème, que le climat se refroidisse ou se réchauffe : on pourrait remplacer les scènes de glaciation par des scènes de vagues de chaleur, d'ouragans et de désertification brutale tout en conservant les scènes mentionnées ci-dessus.

Un jour, on verra peut-être un film-catastrophe traiter le sujet du réchauffement climatique (RC) de façon simplement hyper-réaliste, à la façon de la Tour infernale. Ce réquisitoire distrayant contre les immeubles de grande hauteur contribua sans nul doute à calmer la frénésie architecturale des années 1970, à laquelle on doit notamment les anciennes Twin Towers et la Tour Montparnasse.

Ce film existe déjà, en fait : il s'appelle Soleil vert. Chaleur suffocante, pénurie alimentaire et énergétique, régime politique autoritaire, inégalités sociales accrues : presque toutes les conséquences du RC sont présentes. Mais son décor kitchissime – un futur imaginé au plus fort de la mode psychédélique en Californie – et l'absence de traitement des questions économiques et géopolitiques militent pour un remake re-scénarisé, à l'instar de ce qu'a subi la Planète des Singes – mais réussi cette fois. Le consultant en environnement Jean-Marc Jancovici a essayé d'en écrire la première scène, mais le synopsis d'ensemble reste à pondre.


A défaut de pouvoir trouver une happy end, la gravité du sujet pourrait paradoxalement être mieux traité sous l'angle d'une comédie tous publics comme Retour vers le futur, qui affichait en filigrane une critique sociale de la politique économique reaganienne tout en revisitant avec brio les paradoxes classiques du voyage dans le temps.

Pour marquer les esprits par l'image de ce qui pourrait nous attendre, il est décidément temps qu'un décorateur de cinéma construise la réplique d'une banlieue résidentielle américaine dévastée par la sécheresse, desservie uniquement par le vélo, le cheval et le train, et où la loi du plus fort aura remplacé la démocratie.

Le western serait-il l'avenir du film de science (climatique)-fiction ? A médirer lors de votre prochain visionnage de l'Homme des Hautes Plaines...
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commentaires

D
La comédie existe déjà d'une certaine façon: Wall-E
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A
<br /> On ne l'avait pas encore vu quand on a écrit l'article !<br /> <br /> Mais Wall-E traite plus des problèmes de pollution par les déchets proprement dit. C'est vrai qu'aujourd'hui, leurs effets néfastes dépassent largement ceux des gaz à effet de serre. Il ne faut<br /> peut-être pas se tromper de bataille...<br /> <br /> <br />