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24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 13:48
Il y a un an, on a beaucoup parlé de l'explosion des prix sur le marché de l'uranium, ou plus exactement du yellow cake, une forme oxydée de l'uranium (U3O8) sous laquelle s'échange ce qui deviendra, après un lourd et coûteux traitement, les "crayons" de combustible des centrales nucléaires.

Il est amusant de constater que sont devenues bien silencieuses les Cassandre qui, l'année dernière, annonçaient que cette inflation annonçait une pénurie définitive, remettant en cause les perspectives de développement du nucléaire civil. Toute ressemblance avec d'autres marchés de matières premières existants ou ayant existé est une pure et fortuite coïncidence.

Cette bouffée de chaleur 2007 fut donc une simple bulle passagère, alimentée par un fondamental d'augmentation des prix : en deux ans, le yellow cake a quand même vu son prix doubler.

Cette hausse conséquente ne remet en rien en cause le modèle opérationnel d'un réacteur civil : dans le coût du kWh nucléaire, cette matière première représente une part ridicule, de l'ordre de quelques pour cent. A la rigueur, il peut accroître l'intérêt économique du retraitement des combustibles usés.

Mais sinon, qu'est-ce qui a bien pu déclenché une telle augmentation ?



Certainement pas les besoins civils, car la lourdeur de l'industrie nucléaire fait que ses approvisionnements sont parfaitement prévisibles sur un très grand horizon : à partir du moment où la première pierre d'une centrale est posée, on peut planifier ses besoins futurs en combustible sur près d'un demi-siècle sans grand-risque de se tromper ! Les centrales électriques étant difficiles à cacher, on peut raisonnablement conclure que ce n'est pas une variation inattendue de cette demande qui a provoqué l'emballement du système.

Et l'arrivée très progressive de nouvelles capacités électronucléaires laisse largement à l'industrie minière le temps d'augmenter ses capacités pour suivre la cadence.

Les coupables sont donc à chercher auprès des centres de recherche nucléaires... ou de militaires à la nationalité non identifiée qui auraient décidé de se construire quelques bombinettes supplémentaires. Voilà une raison potentielle qui nous paraît de bien plus sinistre augure qu'une hypothétique pénurie d'électricité.

Enfin, il est fortement probable que les producteurs d'uranium aient décidé de vendre plus cher qu'avant leur minerai. L'inflation des matières premières constatée depuis trois ans leur a en effet démontré que l'économie mondiale est beaucoup plus résistante qu'avant à la hausse des cours, et qu'il leur reste de la marge avant de détruire de la demande.

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