15 avril 2008
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Un communiqué laconique - et encore à prendre au conditionnel - révèle que la compagnie brésilienne Petrobras aurait découvert un des plus importants gisements de pétrole mondiaux au large de Rio de Janeiro.
Il s'agit sans nul doute d'un gisement en eau très profonde, ce qui signifie que le pétrole qu'on en extraira coûtera un certain nombre de fois celui qu'on trouve encore à foison dans la péninsule arabique. Il ne devrait donc pas se vendre à moins de $50 actuels : cette découverte ne signe pas la fin du pétrole cher.
Elle ne signe pas non plus le report du pic pétrolier : le temps que les installations de production soient en place, il est probable que le pic soit déjà là. Et les débits qu'on peut attendre seront de toute façon insuffisants. Ce méga-gisement servira juste à prolonger le plateau de production que nous n'allons pas tarder à fréquenter, si ce n'est déjà fait comme le laisse penser le graphique ci-contre.
La conséquence majeure de cette découverte - et de la précédente, le gisement dit de Tupi - est surtout l'arrivée inattendue de Brésil dans le Top 10 des pays détenteurs de réserves de pétrole. En moins de deux ans, il est passé des profondeurs du classement à une enviable sixième place. D'ici quelques années, le temps que sa production soit au niveau de ses réserves, il jouera donc un rôle-clé sur le marché mondial du pétrole.
Avec une telle manne pétrolière en perspective, le Brésil devient probablement le pays dont on parlera le plus dans la prochaine décennie.
Nous vivons peut-être les dernières années où l'économie mondiale repose sur ce qu'on appelle la "mondialisation", à savoir l'exploitation massive de ressources humaines abondantes et à faible coût, qui a braqué les feux de la scène sur l'Inde et la Chine. Place désormais au monde de ressources rares d'Orsenna, dont les places les plus enviées seront réservées à ceux disposant encore de ressources naturelles à foison. C'est peut-être le moment qu'attendait le premier pays d'Amérique Latine pour prendre enfin son rôle de grande puissance mondiale, avec d'autres actifs tangibles que ses footballeurs vedettes. L'un des grands dangers à éviter pour l'économie brésilienne est la maladie anglo-hollandaise, qui gangrène les secteurs secondaires et tertiaires du fait de l'hypertrophie brutale du secteur primaire.
Le drapeau du Brésil est une véritable plaquette publicitaire : le vert y symbolise la forêt équatoriale - pour ceux qui préfèrent les biocarburants - et le jaune (or) les ressources du sous-sol. Quand aux étoiles, elles représentent les 26 états fédérés ainsi que le district de Brasilia ; leur disposition correspond à l’aspect du ciel de Rio de Janeiro, le 15 novembre 1889 à 20h30, à l'heure où la République fut proclamée.
Saluons donc la présence d'une démocratie dans ce club des riches qu'est l'ensemble des grands pays détenteurs de ressources rares, où les régimes autoritaires restent hélas nombreux.
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Article également publié sur AgoraVox et sur Yahoo!

Elle ne signe pas non plus le report du pic pétrolier : le temps que les installations de production soient en place, il est probable que le pic soit déjà là. Et les débits qu'on peut attendre seront de toute façon insuffisants. Ce méga-gisement servira juste à prolonger le plateau de production que nous n'allons pas tarder à fréquenter, si ce n'est déjà fait comme le laisse penser le graphique ci-contre.
La conséquence majeure de cette découverte - et de la précédente, le gisement dit de Tupi - est surtout l'arrivée inattendue de Brésil dans le Top 10 des pays détenteurs de réserves de pétrole. En moins de deux ans, il est passé des profondeurs du classement à une enviable sixième place. D'ici quelques années, le temps que sa production soit au niveau de ses réserves, il jouera donc un rôle-clé sur le marché mondial du pétrole.

Avec une telle manne pétrolière en perspective, le Brésil devient probablement le pays dont on parlera le plus dans la prochaine décennie.
Nous vivons peut-être les dernières années où l'économie mondiale repose sur ce qu'on appelle la "mondialisation", à savoir l'exploitation massive de ressources humaines abondantes et à faible coût, qui a braqué les feux de la scène sur l'Inde et la Chine. Place désormais au monde de ressources rares d'Orsenna, dont les places les plus enviées seront réservées à ceux disposant encore de ressources naturelles à foison. C'est peut-être le moment qu'attendait le premier pays d'Amérique Latine pour prendre enfin son rôle de grande puissance mondiale, avec d'autres actifs tangibles que ses footballeurs vedettes. L'un des grands dangers à éviter pour l'économie brésilienne est la maladie anglo-hollandaise, qui gangrène les secteurs secondaires et tertiaires du fait de l'hypertrophie brutale du secteur primaire.

Saluons donc la présence d'une démocratie dans ce club des riches qu'est l'ensemble des grands pays détenteurs de ressources rares, où les régimes autoritaires restent hélas nombreux.
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